... ou Éloge du Silence
Un quotidien rythmé par les bruits du monde...
Je ne sais pas vous, mais moi, je suis une vraie geekette ;) !
Toujours connectée, vérifiant mes mails, facebook et autres comptes divers en
permanence, écoutant sans cesse une émission, à la radio ou à la télé : infos, musique, culture...
Chez moi, il y a un fond sonore permanent, indépendant des
habitants de la maison.
Ou plutôt, il y avait…
Ma quatrième fille m’a appris la valeur du silence.
J’ai 4 enfants aujourd’hui, 3 filles et 1 garçon, mais j’ai
eu une 4ème petite fille, née avant son frère, un oisillon qui s’est envolé
avant même d’avoir touché terre.
Elle est née silencieuse à jamais et m’a fait cadeau de ce
silence.
C’était un cadeau infiniment douloureux, mais je mesure
aujourd’hui combien il est aussi beau et précieux, pour moi, pour ses frère et
sœurs, pour ceux qui vivent avec moi.
A la base, moi l’urbaine habitant à la campagne, le silence
me faisait peur. Pas l’habitude… Et pourtant…
La découverte d'un silence qui libère...
En silence, je me suis mise à m’entendre penser, à avoir la
possibilité d’écouter mes émotions. Ma fatigue n’était plus dopée par de la
musique ou une interview stimulante.
Ma tristesse sortait au grand jour et pouvait enfin être
vécue, et non refoulée.
Mon agacement était perceptible bien avant d’exploser en
colère si difficile à maîtriser, et parfois si injuste.
En silence, j’ai appris à mieux me connaître, à mieux me
respecter , à respecter mes besoins et, ainsi, à ne pas dépasser mes limites et
à ne pas faire supporter aux autres, et notamment aux enfants, mes excès
(épuisement, énervement, besoin d’isolement pour une tristesse passagère…)
En silence, mes sens sont subitement disponibles pour être
dans l’ici et maintenant. J’ai découvert que, si le monde est rempli de
merveilles que je rêve de connaître, de gens brillants et de pays fantastiques,
lorsque j’éteins télé et radio, lorsque je coupe mes écrans, je peux subitement
être attentive à autre chose. Je peux soudain me concentrer sur MA vie.
Peut-être moins fascinante (quoique ;) ), mais tellement plus réelle et
tellement belle. Je m’émerveille mieux d’une interaction entre deux petits,
j’ai plus de chance de voir le milan noir passer devant ma fenêtre, d’entendre ma respiration, d'en prendre conscience…
En silence, je n’ai rien d’autre à faire que vivre et être
disponible pour les miens.
J’ai arrêté de vouloir avoir à tout prix un quart d’heure de
tranquillité pour écouter cette émission tèèèèèllement passionnante, ou
« juste finir ce mail ». Les tensions à la maison, ma frustration et
les provocations des enfants (ou ce que je prenais comme tel et qui n’était
sans doute qu’un besoin d’attention) ont grandement baissé. Ca ne veut pas dire
que je n’ai plus de temps pour écrire aux autres ou voir / écouter des médias
qui m’intéressent . Mais c’est quand les enfants ne sont pas là. Peut-être
que j’écris moins, et bien tant pis pour ceux qui ne veulent pas
comprendre !
En silence et donc plus disponible, j’ai pu avoir plus
d’échanges avec mes enfants. Je ne sais pas les vôtres, mais les miens sont
rarement prêts à parler lorsque moi je le suis. Alors être là, sans rien dire,
disponible, c’est laisser une porte ouverte à des échanges spontanés, inattendus.
En silence, je me suis sentie moins fatiguée. Après chaque
naissance, à vouloir concilier tant et tant de choses, je suis passée très près
d’un burn-out. Mais, dans le silence, mon cerveau a moins d’infos à traiter et,
vraiment, cela fait du bien, et c’est salvateur…
Finalement, en silence, je suis plus en phase avec les
autres, plus à l'écoute de mes enfants, plus pleine de moi et de ma vie…
Moins pleine de la vie du monde,
c’est vrai, mais comme je ne peux vivre qu’une vie à la fois, ça tombe plutôt
pas mal, non ?
Et vous, vous arrivez à faire cohabiter écrans et enceintes avec vos enfants ? Comment
vous y prenez-vous ?
Très bel article qui fait écho à une expérience que j'ai faite il y a qqs jours: je passe le temps de trajet en transports en commun avec un casque vissé sur les oreilles et il a fallu que je l'oublie pour redécouvrir le flot tranquille de mes pensées... Depuis, je ne le branche plus systématiquement et ça me fait un bien fou !
RépondreSupprimerOui, une impression de liberté à ne plus systématiquement reproduire ces gestes du quotidien...
SupprimerMerci de ton expérience :)